Ne pas pouvoir en placer une. Je suis certaine que cela vous est déjà arrivé. Face à quelqu’un, vous sentir incapable de développer votre pensée, de terminer votre phrase, de vous faire entendre, tant votre interlocuteur vous en empêche. |
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Ne nous laissons plus couper la parole ! |
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Ne pas pouvoir en placer une. Je suis certaine que cela vous est déjà arrivé. Face à quelqu’un, vous sentir incapable de développer votre pensée, de terminer votre phrase, de vous faire entendre, tant votre interlocuteur vous en empêche. C’est ce qui s’est passé vendredi 28 février, quand le président ukrainien Volodymyr Zelensky a rendu visite à Donald Trump et son vice-président J. D. Vance à la Maison Blanche*. Après une quarantaine de minutes pendant lesquelles Zelensky a notamment été questionné (méprisé serait plus juste) sur sa tenue vestimentaire (“Pourquoi vous ne portez pas de costume ?, lui demande Brian Glenn, journaliste pour la chaîne d’extrême droite Real America’s Voice, beaucoup d’Américains ont un problème avec le fait que vous ne respectiez pas ce bureau.“), il s’est retrouvé acculé par Vance et Trump qui n’ont cessé de lui rappeler qu’il devait se montrer plus “reconnaissant“ envers eux. Puis est arrivé ce moment où Zelensky est parvenu à glisser “Est-ce que je peux répondre ?“, et où Trump lui a asséné “Non. Non. Vous avez beaucoup parlé“, avant de reprendre sa diarrhée verbale et de conclure par ces mots : “Très bien. Je pense que nous en avons assez vu. Qu’en pensez-vous, hein ? Ça va faire de la très bonne télévision.“ De la très bonne télévision ? Non. D’affreuses sensations dans le ventre, oui. Car - au-delà des considérations politiques - nous avons été nombreuses à nous reconnaître en cette position de proie occupée malgré lui par Volodymyr Zelensky, piégé par la meute, silencié… humilié. “Pour humilier un homme, il suffit de le traiter comme une femme“, a commenté la journaliste Hélène Devynck sur les réseaux sociaux. Je lui ai demandé ce qui l’avait poussée à écrire ce post très relayé, et comment elle s’est sentie en découvrant ces images. “C’est un truc que les féministes et les femmes en général connaissent par cœur. Comment on nous fait taire, comment on nous décrédibilise… Ce sont des techniques hyper rodées : inversion de la culpabilité, l’agressé devient l’agresseur… C’est typiquement masculin et ça s’applique aux femmes mais aussi aux personnes racisées ou n’appartenant pas à la même classe sociale qu’eux, c’est-à-dire à celles et ceux qu’on traite comme étant ‘inférieurs’. Ici, l’humiliation est d’autant plus forte qu’elle est mondialisée.“ Le fait que Donald Trump se soit moqué de la tenue de Volodymyr Zelensky dès son arrivée a retenu l’attention de nombreuses femmes. Nathalie, 44 ans, m’a confié : “Je travaille depuis vingt ans dans une grande entreprise et ça m’a rappelé des choses que j’ai vécues quand j’étais plus jeune. En réunion, un chef me faisait remarquer que ma tenue n’était pas adaptée, pas assez ‘sérieuse’. Des réflexions qu’il n’a jamais faites à mes collègues masculins et qui m’ont créé beaucoup de stress. J’avais toujours peur d’être critiquée à cause de ça, surtout quand je devais prendre la parole en réunion, présenter quelque chose.“ Oui, “pour humilier un homme, il suffit de le traiter comme une femme“. Mais si aujourd’hui tous nos yeux sont tournés vers cette scène, c’est peut-être précisément parce qu’elle se joue entre hommes, comme me l’explique Aline Jalliet, coache de la voix et autrice de Une voix à soi - Pourquoi n’entend-on pas la voix des femmes ? (éditions Trédaniel). |
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“Déjà en 2016, dans un débat télévisé avec Hillary Clinton, Donald Trump l'avait interrompue cinquante-sept fois, rappelle-t-elle. À l’époque, on ne s’était pas plus ému que ça de cette situation mais, quand on revoit la vidéo, il l'empêche de parler en l’interrompant en permanence, en parlant sur sa propre parole, plus fort qu’elle. C’est une vraie prise de pouvoir. Résultat : on s’est dit qu’il avait du charisme, qu’il était plus armé au combat politique et qu’elle ne faisait pas le poids. Aujourd’hui, on s’émeut davantage par rapport à Zelensky parce que ce sont deux hommes, dont l’un balaie complètement les règles de la communication, diplomatique, entre hommes. Ce que Trump montre, c’est qu’il y a quand même un dominant et un dominé.“ Ce point-là résonne particulièrement chez Sophie, 28 ans, qui a subi des violences psychologiques de la part de son ex : “Pendant les disputes, il me coupait toujours la parole, il parlait en même temps que moi, me hurlait dessus. Parfois, j’essayais moi aussi de parler le plus fort possible pour qu’il m’écoute, mais ça ne changeait rien. Ça empirait les choses. Au bout d’un moment, j’ai fini par me taire. Je n’osais plus m’exprimer car je savais qu’il finirait toujours par reprendre le dessus. C’est quelque chose qui m’a rendu folle… Maintenant, je ne supporte plus qu’on m’empêche de dire ce que j’ai à dire, que ce soit dans l’intimité, au travail ou même en soirée.“ Couper la parole serait-il un outil de domination ?“Ce n’est pas forcément conscient, répond Aline Jalliet. En tout cas, c’est une manifestation de la domination, et elle a un nom : le manterrupting. Des études ont montré que dans toutes les situations en mixité, les hommes coupent beaucoup plus souvent la parole que les femmes, et qu’en situation de non-mixité, ils se coupent beaucoup moins la parole entre eux.“ Peut-être vous souvenez-vous de l’anecdote (pas du tout anecdotique) qui est à l’origine du mot-valise “manterrupting“ (“man“ + “interrupting“, autrement dit “hommeterruption“ en français) ? La journaliste américaine Jessica Bennett l’a utilisé pour dénoncer le comportement de Kanye West qui, en 2009, est monté sur scène pendant que Taylor Swift recevait le MTV Music Awards de la Meilleure vidéo féminine pour “You Belong with Me“. Dans cette archive, il lui arrache le micro et se permet de dire “Écoute Taylor, je suis content pour toi, je vais te laisser finir, mais Beyoncé a réalisé l’un des meilleurs clips de tous les temps !“ C’est abject. Et qui est toujours ravi de s’afficher aux côtés de Kanye West ? Donald Trump, bien sûr ! Qui se ressemble s’assemble… et utilise les mêmes techniques. Parmi elles, donc, le “talk blocking“ où l’on empêche l’autre de parler ; ou ce qu’Aline Jalliet nomme le “manvoicing“, cette façon d’augmenter le volume de sa voix au moment où l’autre veut prendre la parole. “Ces tactiques de prise de pouvoir par la parole ont pour conséquence la sidération, l’inhibition… et finalement le mutisme“, commente la spécialiste. En cette avant-veille du 8 mars, journée internationale des droits des femmes, je tenais à vous rappeler que votre parole compte. Alors comment lutter face à ces hommes, si faibles mais malheureusement si puissants, qui veulent nous réduire au silence ? “S’il y avait une technique qui marche à tous les coups, on le saurait… commente Hélène Devynck. C’est extrêmement difficile. Moi, je coupe la parole en retour, pour le faire remarquer, mais ça ne marche pas toujours.“ Selon Aline Jalliet, “la première chose à faire, c’est de prendre conscience de ces mécanismes pour ne pas les subir. Ensuite, on peut reprendre la main sans rentrer dans le jeu de la concurrence vocale, car les femmes gagnent peu dans cet exercice, sachant que les hommes ont souvent une voix qui portent plus que la leur.“ L’idée est d’avoir recours à des formulations telles que : “Ce que vous dites est intéressant, mais je n’avais pas terminé ma démonstration / je n’avais pas fini de parler / donc je vais reprendre ce que j’étais en train de dire…”. Elle conseille également la stratégie de “l’amplification sorore“ qui consiste à intervenir pour valoriser la parole d’une femme qui a été interrompue, en disant par exemple : “Je crois que Claire n’avait pas terminé / Ce que Claire disait m’intéresse, j’aimerais connaître la suite…“. “Il y a aussi tout un langage non-verbal à mettre en place qui permet de montrer physiquement qu’on ne lâche pas le morceau, qu’on est présente, capable de monter au créneau.“ Long story short, une charge mentale supplémentaire qui repose sur nos épaules lasses, quand nous aurions juste envie de lâcher un bon gros “MAIS TU VAS LA FERMER TA GUEULE ???“. Oups, c’est sorti tout seul. – *Le texte intégral de la conférence de presse est disponible ici. |
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“Si vous êtes un homme, il y a de bonnes chances pour que la lecture de ce texte vous soit inconfortable. Je n’écris pas un livre sur les hommes pour les caresser dans le sens du poil.“ Qu’il est éclairant le “petit traité féministe sur les masculinités“ de Daisy Letourneur, intitulé On ne naît pas mec (il ressort aujourd’hui en édition poche à La Découverte). La militante féministe, trans et lesbienne, aussi membre de l’association Toutes Des Femmes, pose des questions toutes plus intéressantes les unes que les autres : “pourquoi les hommes sont-ils immatures ?“, “pourquoi les mecs préfèrent les mecs ?“ et donc “qu’est-ce qui empêche les hommes d’être gays ?“, mais encore “les hommes déconstruits sont-ils l’avenir du féminisme ?“ (lol). Au regard de tout ce qui se passe autour de Trump et ses confrères mascus, le chapitre où elle explique “comment lutter contre l’homosocialité masculine“ s’avère d’utilité publique. Comme l’ensemble de son ouvrage ! |
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Saviez-vous que sur un groupe de dix personnes autistes, il y a neuf garçons pour une fille ? En effet, à cause du sexisme médical, les femmes sont sous-diagnostiquées. Aussi, neuf femmes autistes sur dix ont subi des violences sexuelles au cours de leur vie. Ces informations sont issues du roman graphique Jungle - Une traversée de l’autisme au féminin, co-écrit par Adélaïde Barat Magan et Justine Langlois, et illustré par Fanny Modena. C’est le livre que les deux autrices, diagnostiquées tardivement, auraient aimé pouvoir lire. “L’autisme est un handicap invisible qu’il faut sans cesse expliquer aux gens, et on manque parfois d’énergie pour faire ce travail, précise Justine Langlois. Le livre sera, je l’espère, un outil qui fournira ces explications.” Oui, c’est un outil parfait, poignant, poétique, pédagogique, qui suit le quotidien de Gabi, leur héroïne de 26 ans, qui achète tout par trois, adore son chat et ne jure que par Abba, mais se sent épuisée par son “sentiment de décalage persistant”. En librairie demain, aux éditions La Ville brûle. |
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Quand nous voyons des artistes sur scène, nous n’imaginons pas qu’ils et elles puissent être en train de souffrir. En 2022, Thérèse était en tournée lorsqu’elle a révélé sur Instagram qu’elle souffrait d’une polykystose hépatorénale, maladie héréditaire qui donnait l’impression qu’elle était enceinte, alors qu’elle portait un foie de près de sept kilos. Avant sa greffe hépatique, elle a raconté son histoire à la journaliste Alexandra Dumont. Désormais, elles collaborent dans un nouveau podcast, T’as mal où ?, dédié à la santé physique et mentale des artistes. Objectif ? “Libérer la parole des artistes malades, leur permettre de se sentir moins isolé·e·s et les ré-humaniser dans un premier épisode aller.“ Et dans les épisodes “retour“, des professionnel·le·s de santé donnent des clés pour mieux comprendre leurs différentes problématiques. Bravo pour ce projet important ! Écoutez vite le premier épisode, “L’endométriose avec Lorie“ ! |
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Imaginez… 3h30 de danse, de chant et de rires. Vous en avez besoin ? Ça tombe bien ! Parce que “faire la fête ensemble, c’est un devoir civique“, la lumineuse Darling Deluxe vous donne rendez-vous pour La Grosse Soirée, un rendez-vous du kiff et de la résilience collective qui aura lieu samedi 15 mars à Communale (Saint-Ouen), à partir de 20 heures. Aux côtés du All-Star Orchestra et de l’invitée spéciale Constance Gay, vous participerez à “une énorme boum transgénérationnelle où l’esprit du bal populaire rencontre des moments de show délirants“. La cerise sur le disco ? C’est gratos ! Mais il est tout de même recommandé de s’inscrire par ici. |
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Le post Simone de la semaine |
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“Si en tant que femme je ne mets pas le travail des femmes en avant, c’est le serpent qui se mord la queue !“ Juliette Fievet est une experte du rap. Elle a été successivement attachée de presse, manageuse d’artistes ou encore programmatrice de festival. Aujourd’hui journaliste et animatrice de l’émission Légendes Urbaines, elle revient sur son parcours en tant que femme dans le milieu du rap. |
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Un, deux, trois, quatre… Compter, c’est le refuge de Juliette. Sa seule parade contre la panique. Alors elle compte, souvent, dans un appartement de 34 m² où elle vit avec son bébé. Inès est la prunelle de ses yeux, mais malheureusement pas la seule présence qui rythme son quotidien. Là-dehors, un fantôme du passé refait surface dans sa vie et sur son palier. Qui est cet homme ? Que veut-il ? Comment va-t-elle lui échapper ? C’est ce que vous invite à découvrir 34 m², le nouveau huis-clos de Louise Mey aux Éditions du Masque. Un roman immersif et percutant sur l’emprise qui vous tiendra en haleine de la première à la dernière page. Alors un, deux, trois… Démarrez la lecture ! (Collaboration commerciale / écrit par la team Simone) |
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